Qui était Léonard de Vinci ?

                                                 1452 – 1519

 

Léonard de Vinci,  (Résumé)

peintre, architecte et ingénieur, est né en Toscane, à Vinci, village à 30 kms de Florence, au milieu du XVe siècle. Il sera l’un des artistes et savants les plus éminents de la Renaissance Italienne. Déjà célèbre de son temps, il demeure l’un des peintres les plus prestigieux de l’histoire de l’humanité.
Mona Lisa, « La Joconde », au musée du Louvre, est peut être le tableau le plus célèbre du monde.
Léonard de Vinci, en italien on dit « da Vinci », n’a pas beaucoup peint ; il n’y a que 35 tableaux qui lui sont attribués, dont seulement 15 avec certitude. Mais on a de lui également un grand nombre de dessins, des pages et des pages de traités ( non publiés) et des carnets de notes.
Dans ces manuscrits, on trouve des notes techniques, avec croquis, sur les armes, les machines, des projets « futuristes », un traité de l’eau, des études de figures humaines, d’anatomie, de botanique. Son vaste génie est souvent incompris, d’autant plus que l’univers culturel dans lequel il vivait, pensait, écrivait, est fort différent de celui d’aujourd’hui.
Il est ainsi l’objet de nombreuses légendes. Certaines de ces légendes sont carrément frauduleuses, Léonard de Vinci servant de prétexte à des affabulations romanesques ou à des règlements de comptes (comme un certain nombre de personnages célèbres, y compris Jeanne d’Arc ou Napoléon). Parmi bien d’autres, le livre de Dan Brown, « da Vinci Code » en est un exemple.
Parmi les auteurs qui ont bien compris Léonard de Vinci et savent le faire découvrir, André Chastel. Voir son article Léonard de Vinci, dans l’Encyclopaedia Universalis.

Vie de Léonard de Vinci

En 1452 Léonard de Vinci naît… à Vinci, en Toscane, non loin de Florence, à l’époque la cité des arts. Dans la Vierge aux Rochers, il peindra un paysage des environs de Vinci. Son père était notaire, sa mère paysanne ; il naît hors mariage, mais il fut élevé dans la maison de son père par sa belle mère qui n’avait pas d’enfant.
Il reçoit une bonne éducation en grammaire et calcul, mais n’apprend pas le latin, ce qu’il regrettera plus tard. Il entre comme élève dans l’atelier de l’artiste Verrochio où il apprend les arts, notamment la peinture, la sculpture et la décoration. Il entre dans la guide (corporation) des peintres à 20 ans, et quitte l’atelier, la bottega, de Verrochio en
1479, à 27 ans. Il a peint lui-même une Annonciation (1472) qui est aujourd’hui au Musée des Offices à Florence. En 1481 il reçoit une grande commande, l’Adoration des Mages, qu’il n’achèvera pas.
En 1481, il part pour Milan, à la cour de Ludovic le More. Il y reçoit la commande d’une statue à cheval du Duc Sforza, Il Cavallo, en bronze, à laquelle il travaille des années. Mais le projet n’avance pas, Léonard ne réalise qu’un modèle en terre de 7 mètres, présenté au cours d’un fête. Mais il fait de nombreux travaux sur le moulage du bronze, difficile pour cette énorme pièce.
Il reçoit la commande d’un rétable pour la Confrérie de l’Immaculée Conception, ce sera la Vierge aux Rochers , 1483, que l’on peut voir au Louvre.
Il travaille comme architecte sur un projet de tambour et coupole pour la Cathédrale de Milan. Il étudie sur tous les sujets qui l’intéressent spécialement l’art et la mécanique. Il réalise ainsi des études d’urbanisme et d’ingénieur militaire. Mais il produit aussi des scènes de théâtre, des mises en scène et des costumes pour des parades, fêtes et tournois. Il explore les Alpes et s’intéresse à la géologie, il participe à des réunions de mathématiciens.
Il décore les Camerini et la sala delle Asse du Château. Il peint la Cène sur le mur du réfectoire de sainte Marie des Grâces.
Léonard de Vinci atteint alors la célébrité dans le monde international de l’époque.
Le séjour de Milan va prendre fin avec la campagne française de Louis XII en Italie qui prend Milan en 1499. Fin de Ludovic le More. Léonard se rend à Mantoue, où il fait le portrait d’Isabelle d’Este, 1499, (dont le carton se trouve au Louvre). Il retourne à Florence. On a de lui à cette époque : dessins et carton pour Sainte Anne ( au Louvre) ; Mona Lisa (La Joconde, au Louvre) ; il peint Léda, (dessins, le tableau est perdu) ; il travaille à une vaste composition, la Bataille d’Anghiari (tableau détruit, les couleurs ne tenaient pas, on a de nombreux dessins d’étude). Il peint Sainte Anne (au Louvre, inachevé), une commande de Louis XII dont la femme était Anne de Bretagne, et une seconde version de la Vierge aux Rochers. A partir de 1513, Léonard de Vinci se rend à Rome ; il travaille l’optique et les mathématiques.
François Ier, roi de France, l’invite en France où il porte le titre de « premier peintre, ingénieur et architecte du Roi » (1516). Il produira des plans de canaux et d’architecture, pour Romorantin ! Il habite le manoir du Clos Lucé, Cloux, près du château d’Amboise. Il y meurt en 1519. Son disciple Francesco Melzi recueille en héritage ses derniers tableaux, dessins et tous ses manuscrits.

L’artiste et le savant

Léonard de Vinci était très doué sur le plan artistique et sur le plan intellectuel. Il a travaillé énormément dans tous les domaines qui l’intéressaient et que pouvaient atteindre les grands esprits de l’époque. Il avait une grande exigence de qualité : pour lui, en sciences, en technique comme en art, pas d’autre mesure que l’excellence.
L’œuvre artistique de Léonard est quand même en partie marquée par l’inachèvement de plusieurs tableaux importants. Certes, les circonstances, les voyages, les changements politiques, ont contribué à l’empêcher d’achever certaines œuvres, mais l’on peut penser que certains artistes moins exigeants auraient parfois choisi de terminer rapidement… Mais devant tant d’œuvres inachevées, il demeure quand même une question sur sa psychologie.
Son goût pour les travaux de recherches, les mathématiques, les sciences, les techniques en ont fait de son vivant un homme célèbre, un sage. Lui-même, dans on autoportrait présumé (palais Royal, Turin), se présente sous une image de prophète ou de sage grec…
Ses manuscrits ont été publiés tardivement, au XIXe et XXe siècle, mais le travail de restitution chronologique des différentes pages ou notes compilées est loin d’être achevé.
On lui a d’abord attribué beaucoup plus que ce dont il était réellement l’auteur : il recopiait des passages de livres sur les sujets qu’il étudiait sans les présenter comme des citations, ni donner l’auteur. Mais ce qui demeure réellement de lui est remarquable.
Les différents personnages qui ont travaillé à éditer ses travaux ont ainsi reconstitué, en compilant souvent des notes d’époques diverses, un traité de la peinture , un livre sur la figure humaine, une étude l’ombre et la lumière, un traité sur la fonte, un ouvrage sur des observations d’anatomie, un traité de l’eau et de son mouvement, un recueil descriptif systématique de machines (où il inclut des machines existantes à côté de celles dont il forme le projet), des éléments d’un traité de physique où il étudie le mouvement des oiseaux et leur équivalent mécanique, etc.
Il a écrit aussi des récits d’aventures fantastiques ou romanesques. Il utilise des petits carnets pour noter au fil des jours des observations. Goût du secret, ou effet de son écriture de la main gauche, une partie de ses notes sont écrites à l’envers pour être lues avec un miroir.
Il avait, à une époque où la science était bien différente d’aujourd’hui, la volonté de trouver de nouvelles voies de recherche, de poser de nouvelles questions.

Mystères et légendes autour de Léonard de Vinci

Comme à tous les esprits de génie, on a voulu prêter à Léonard de Vinci bien des mystères, on a forgé à partir de lui bien des légendes. Du fait que notre univers culturel est bien différent de celui de la Renaissance, ces mystères et ces légendes reposent le plus souvent sur des incompréhensions, des ignorances. Sans compter les falsifications volontaires, comme dans le roman Da Vinci Code…
Il faut se référer au cadre de pensée de son époque préscientifique: dans « Les mots et les choses » le philosophe Michel Foucault (seconde moitié du XXe siècle) a bien décrit ce changement de «structure» dans la pensée. Léonard de Vinci se meut dans un univers où macrocosme et microcosme se répondent, où les choses de la création se répondent entre elles par des similitudes. Par exemple les circonvolutions de la noix sont en correspondance avec les circonvolutions du cerveau. La circulation de l’eau dans l’univers est en correspondance avec la circulation du sang dans le corps.
Il n’y a pas encore de différences entre l’alchimie et la chimie. Lorsque l’on imagine qu’il emploie des images codées pour un enseignement secret, il s’agit tout simplement du langage que tous les «scientifiques» de son temps employaient, et tout le monde le comprenait.
Il pense scientifiquement avec la conception ancienne des «quatre éléments » : "eau, terre, feu, air". Les métaux et les substances connues portent des noms tels que Mercure, Mars (fer), Vénus (cuivre), Saturne (plomb), et cela d’ailleurs jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. L’alchimie n’est pas alors distincte de ce qui deviendra la chimie. Elle n’est pas empreinte dans sa plus large part des mystères que certains y ont donnés, … et que beaucoup lui donnent dans les romans d’aujourd’hui.

Une nouvelle culture ?

Comme le remarque André Chastel, dans son article Léonard de Vinci de l’Encyclopaedia Universalis, Léonard se dit « omo senza lettere », c'est-à-dire ignorant le latin. Il regrettera beaucoup cette lacune, recopiant dans ses cahiers des pages de grammaire ou de vocabulaire latin ! Mais il a par là même été affranchi d’une part de l’héritage culturel scientifique considérable transmis dans les livres savants de la culture qui le précède ; il élabore une nouvelle culture « fondée sur ce qu’il nomme la nature et l’expérience, mais orientée vers les fins précises de l’ingénieur et du peintre » (Chastel).
Léonard de Vinci participe de l’avènement d’une culture nouvelle, celle de la Renaissance. Il est en phase avec les « humanistes » qui vont occuper la scène : Erasme, Thomas More… Mais sa tentative remarquable de joindre art, science et technique n’était peut être possible que dans l’espace de temps où il a vécu. Après Léonard de Vinci, la peinture, l’art même ne pourra que se séparer de la science.

Un art nouveau ?
Indéniablement Léonardo da Vinci inaugure un art nouveau par sa forte influence sur la composition et la façon de peindre les contours. Il est avant Rembrandt, mais aussi avant Raphaël.
Dans la composition du tableau, La Vierge aux Rochers (vers 1488) constitue une date : la structure pyramidale du tableau, rompant avec une symétrie simple des ateliers Toscans de la période précédente, ouvre la voie : ce sera le classicisme.
Quant à la façon de peindre, Léonardo da Vinci invente le sfumato : le contour du dessin des personnages s’affine par rapport aux artistes antérieurs. Il y avait un contraste net entre le contour du personnage et le fond du tableau. Léonard « noie les contours dans la vapeur de l’air » (A. Chastel). Il va aussi associer plus étroitement la figure et le fond en paysage. Il y a dans cette association une progression de la Vierge aux Rochers à Mona Lisa, pour aboutir à  Sainte Anne.
Dans l’étagement des couleurs enfin Léonard introduit, au lieu d’une gamme de couleurs pleines, « saturées », des « valeurs » dont l’étagement va constituer le clair obscur.

Henri Guiraut           

Questions sur « Léonardo da Vinci »

Le roman « da Vinci Code » a répandu un certain nombre de fantaisies et d’affabulations sur Léonard de Vinci. Voici quelques questions soulevées :

1 Léonardo croyait-il au mariage de Marie Madeleine et de Jésus ? Dans la fresque de la Cène, de Milan, le personnage à côté de Jésus serait une femme, que Dan Brown suppose être Marie Madeleine.
Réponse : le personnage qui est à côté de Jésus dans La Cène de Léonard de Vinci est tout simplement Saint Jean, que Léonard représente selon la vision de son époque en tout jeune homme.
C’est une affabulation grossière de prétendre que ce serait Marie Madeleine, jamais des moines n’auraient accepté une telle calembredaine dans leur réfectoire. Mais Dan Brown pour les besoins de son roman se livre à cette manipulation selon l’adage « plus c’est gros plus ça passe ».
Et il a trouvé des oreilles… complaisantes. Par exemple Frédéric Lenoir, directeur du Monde des Religions, l’un des auteurs qui démonte consciencieusement, et avec raison, les fausses révélations du livre, profite de la pseudo Marie Madeleine pour discourir sur les déesses-femmes qu’il regrette de ne pas trouver dans le Christianisme…
Quant à Léonard de Vinci, il ne lui est jamais venu à l’idée que Jésus aurait été marié ; sans être particulièrement pieux, ses écrits montrent qu’il s’appliquait à donner des personnages bibliques une interprétation claire et simple. Douze apôtres, c’est douze apôtres ! Ce qui est notable dans la Cène, ce sont les expressions des apôtres face à l’annonce de la trahison. Seul Jean sait le nom, et Pierre, le couteau à la main, essaie de savoir de lui le nom du traître.

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Portrait de Léonard de Vinci (détail), attribué à Francesco Melzi.

"The royal Collection" de la Reine Elisabeth II.

 

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